Prendre du plaisir en compétition, c’est possible ?

« Pour retrouver ton niveau, il faut que tu prennes du plaisir »  Voilà la phrase qu’on entend tout le temps. Donc ce serait en prenant du plaisir qu’on élève son niveau ? Ou à l’inverse, est-ce la performance ou le résultat qui donnent du plaisir ?

C’est une question qui revient naturellement dans l’accompagnement à la performance sportive. Tant cette injonction est répétée aux sportifs qui en viennent à culpabiliser de ne pas prendre assez de plaisir sur un terrain, en compétition, …  

Déjà, peut-on et doit-on se mettre à la place du sportif ? Non. Chaque individu est singulier et chaque sportif a sa notion de la performance et du plaisir qui lui sont propres. Le chemin pour réussir de l’un n’est pas forcément adapté pour un autre.

Pour moi les deux premières questions à poser à un athlète (jeune ou moins jeune) seraient :

- Est-ce que tu sais comment tu prends du plaisir dans ton sport ?

- Est-ce que c’est dans le plaisir que toi tu penses que tu es plus performant ?

Est-ce que Djokovic prend du plaisir quand il joue ? Quand il atteint ses objectifs, plus certainement. Et d’ailleurs c’est du plaisir ou c’est de la fierté ?

Est-ce qu’on ne confond pas un peu tout avec cette notion de plaisir « fourre-tout » ?

En tout cas si c’est une phrase magique qui permet à un sportif de progresser et de retrouver son niveau, je ne pense pas qu’elle soit si efficace.

Je ne dis pas qu’il ne faut pas le dire. Et je ne suis pas en train de dire que prendre du plaisir n’aiderait pas du tout.

L’exigence du haut niveau permet-elle de prendre du plaisir ?

Ma réponse est oui évidemment. Mais à condition qu’on sache ce qu’on cherche comme plaisir, qu’on se rappelle que c’est quelque chose de personnel et que peut-être le plaisir survient après de gros efforts, du stress, des moments de doute, … de travail, de l’abnégation (…), du partage avec les coéquipiers, avec la cohésion aussi.

Quels critères pour définir sa propre notion de plaisir ?

-      Quand je gagne un duel ?

-      Quand je me sens bien dans mon corps ?

-      Quand je dépasse mes chronos ?

-      Quand je suis retenu pour jouer pour mon équipe ?

-      Quand j’aide mon équipe à gagner ?

-      Quand je réussis à appliquer les tactiques décidées ?

-      Quand je réalise les techniques, des enchainements (…) que j’ai appris ?

Le plaisir dans la performance, dans le sport, c’est quelque chose d’éphémère. Il apparait davantage comme une conséquence de la performance plutôt qu’un préalable.

Bien sûr il est indéniable que lorsqu’un sportif décrit la « zone » aussi appelée « flow » qui serait sa zone optimale de performance il peut ressentir ce sentiment de bien-être, de sérénité, de compétence, de force, … on pourrait dire que le plaisir devient une force. Mais s’agit-il de plaisir ou s’agit-il d’un état de confiance ?

C’est possible de jouer 90 minutes un match de football à haute intensité avec le sourire aux lèvres ?

Évidemment dans ma démarche d’accompagnement d’athlète je suis 100% d’accord pour que le sportif s’épanouisse, s’éclate, kiffe. Et clairement la recherche de performance passe par ces états de flow. Mais aussi bien au plus haut niveau que dans la cour de récréation dans un match de billes, il y a un vainqueur et un perdant … et plus rarement un participant qui a juste pris du plaisir.

Mon avis sur la question ? Oui fort heureusement c’est possible de prendre du plaisir en compétition. Mais de là à dire que c’est un moyen pour réussir, je suis moins convaincu.

Le débat est ouvert. Vos commentaires sont les bienvenus !!