Questions d'entraineur : Cohésion d'équipe et Préparation Mentale ?
La préparation mentale peut-elle aider pour la cohésion d'équipe ? Faut-il nécessairement faire travailler mentalement toute l'équipe ?
Les séances de préparation mentale se font plutôt de manières individuelles et s'adaptent aux besoins du sportif. C'est un travail vraiment orienté pour le sportif qui est fait en séance. Certes cet espace temps lui est dédié et l'aide spécifiquement à se préparer mentalement à des échéances et à progresser dans ses habiletés mentales.
Mais l'un des aspects qui est travaillé de manière systématique (même quand le travail semble être axé sur d'autres sujets) c'est la confiance. Et plus précisément ce que j'appelle la "juste-confiance" et qui permet au sportif de faire face à des situations nouvelles, à de l'adversité, à la nécessité de progresser, de se battre pour sa place dans l'équipe, (...) de mettre ses aptitudes et compétences au service de sa performance, de l'équipe.
Cette confiance est un atout pour le joueur mais pas seulement. Cette confiance est vertueusement contagieuse. Ainsi quand un sportif/joueur est bien centré, confiant, présent dans l'instant : prêt mentalement c'est bénéfique pour l'équipe. C'est bénéfique pour les coéquipiers. Quand l'un de vos gars est "chaud" il transmet une part de cette confiance en lui à ses coéquipiers. Alors quand l'un de vos joueurs est bien mentalement, avec une confiance adaptée, croyez-moi lorsqu'il fait une passe, transmet le ballon (...) à un partenaire, il transmet beaucoup plus qu'un bon ballon. Il transmet aussi une énergie positive qui impacte celui qui reçoit le ballon.
Alors pour compléter ma réponse je vous dirai que oui la préparation mentale même individualisée aide l'ensemble de l'équipe. Que ce soit par effet ricochet ou boule de neige. Bien sûr plus de joueurs de l'équipe se préparent mentalement, plus l'équipe monte en confiance. Et plus cette énergie se transmet, plus la cohésion du groupe est impactée favorablement.
Ce qui peut nuire à la cohésion du groupe ce sont par exemple : les incompréhensions, les non-dits, les jalousies, les clivages et assurément le manque de confiance en soi ... qui peuvent générer le manque de confiance en l'autre. L'entraineur peut s'appuyer sur le travail fait en préparation mentale pour faciliter/améliorer la cohésion d'équipe : la recherche de la performance collective.
Il n'est pas absolument indispensable de faire travailler l'ensemble de l'équipe, mais c'est un plus.
Questions de Sportifs :
Quel est le bon moment dans la saison pour commencer sa préparation mentale ?
Le réflexe (peut-être franco-français ?) : c'est de penser à la préparation mentale après une contre-performance ou un échec. Oublie-t-on le mot "préparation" au profit de "mentale" ? En tout cas je ne cesserai de le suggérer : la préparation mentale se fait préférablement en amont. Vous commencez votre préparation physique en cours de saison ? Probablement pas. Pour le mental il en est de même.
Cela ne veut pas du tout dire qu'il est déconseillé de démarrer pendant la saison pour autant. Mais tout ce qui est travaillé et acquis en début de saison est du temps de gagner pour bien rentrer dans sa saison et donc pour la saison tout court.
Les difficultés d'une saison ne se rencontrent pas seulement lors des matchs/compétitions à forts enjeux. Plus tôt vous vous préparez, plus vite vous pouvez monter votre niveau pour être prêts ; dans les moments forts et dans les moments faibles. Et être capables d'encore mieux vous adapter pour la suite.
Certains sportifs me disent parfois : "les plus gros temps forts de ma saison arrivent en mars" (par exemple), donc je commencerai à travailler mon mental en janvier". J'entends et je comprends le principe de la démarche. Alors je réponds qu'il n'y a rien de dommageable à se préparer tôt dans la saison. Ça permet de bien appréhender toutes les malices et les pièges qu'offrent la compétition, les épreuves et le temps.
Une saison est longue. Quand est-ce qu'il est préférable de travailler son mental ? Dès que possible ! Car il y aura toujours des paliers de progression à franchir, des victoires et des échecs inattendus. Tout cela ça se gère. Et gérer tout cela, dans le temps : ça s'apprend.
Attendre ou démarrer ? C’est à vous de voir. Mais vous ne pourrez pas dire qu'on ne vous l'avait pas dit ;-)
Questions de Parents :
À partir de quel âge un jeune sportif peut-il faire des séances de préparation mentale ?
La réponse peut dépendre du sport pratiqué et du niveau de compétition. Quand on prend l'exemple d'un sport dit "à maturité précoce" comme le patinage artistique ou d'autres sports à carrière très courte, il est clair que le travail de préparation mentale devient nécessaire pour des athlètes très jeunes. L'apprentissage de la gestion des émotions, du stress, des techniques de relaxation, de relâchement, de concentration (...) est quasi indispensable. Certains gestes et mouvements techniques en patinage sur glace (par exemple) peuvent représenter un danger qui demande aux jeunes athlètes d'être prêts mentalement dès le plus jeune âge.
D'autres sports comme le football, le basketball (...) nécessitent évidemment de faire progresser le mental mais les enjeux commencent plutôt à la période 10-12 ans.
Comment ça se passe ?
La priorité pour moi c'est que ce soit le jeune athlète qui choisisse véritablement d'accorder sa confiance à son préparateur mental. Bien entendu ce sont les parents qui me contactent mais je demande aux parents de s'assurer auprès de leur enfant :
- qu'il se sent prêt à travailler pour progresser mentalement,
- que les séances lui conviennent, lui apportent,
- que c'est avec moi qu'il veut collaborer
Après une première séance je laisse le temps aux parents de vérifier avec leur enfant si ça lui plait. Récemment un papa me confiait avoir poser la question à son fils footballeur de la manière suivante concernant le travail de préparation mentale : "est-ce que tu aimes?" La réponse a été claire et nette : "oui". C'est bien entendu sur cette base de confiance que je travaille avec les jeunes athlètes en collaboration avec le ou les parents.
Quant au nombre de séances à effectuer et la périodicité, cela dépend de plusieurs facteurs : la maturité du jeune sportif, le niveau de compétition, l'approche de la ou des compétitions (...).
Les séances moins de 13 ans durent 30-35 minutes environ hors temps de débriefing avec les parents. Les enfants apprennent vite. Selon les attentes et le niveau de compétition je ne recommande en général pas plus de 3 à 5 séances dans cette tranche d'âge.
À cet âge il peut être vraiment intéressant de commencer à comprendre comment utiliser son mental au mieux, mais il crucial pour moi de rester "léger" dans la démarche : c'est à dire permettre au jeune de prendre du plaisir dans son sport tout en s'engageant pleinement dans l'idée de la compétition, de ses objectifs et surtout de ses propres attentes d'enfant.