L'Endurance Mentale (1ère partie)

Dans le cadre de l'URB Brain Basket, le club de Basket de Rennes (URB) m'avait convié à une réflexion sur l'Endurance Mentale dans le sport de haut niveau. Deux personnalités importantes du monde du Basket étaient aussi invitées à cette session de partages et d'échanges : Yannick Bokolo ancien international et Mehdi Mary actuel entraineur du CSP Limoges.

L'occasion pour moi de vous faire partager cette réflexion menée ensemble et de vous donner quelques points majeurs sur l'Endurance Mentale dans le sport.

Qu'est-ce que l'Endurance Mentale ?

Notion de temporalité. D'un point de vue mental l'endurance mentale peut se découper en plusieurs temporalités, à plusieurs échelles/dimensions :

1/ à l'échelle de l'effort immédiat : ce qu'on pourrait appeler "la souffrance immédiate" lors de l'entraînement ou de la compétition. Cette interrogation qui peut survenir dans l'esprit du sportif : "pourquoi faire cet effort?",  "pourquoi en faire encore plus?"

Cette question qui revient beaucoup dans la tête du sportif, en sport collectif ou individuel est une question sur la quête du sens. Véritablement le levier principal du joueur, de l'entraineur, du préparateur mental, physique,  (...) c'est l'objectif. C'est lui la réponse à cette question. C'est lui qui répond à cette recherche de performance. C'est lui qui donne le feu vert d'accélérer, continuer, se battre, y croire. C'est lui qui nourrit la cohésion d'une équipe.

L'endurance mentale comme l'endurance de l'effort physique, de concentration, de courage et d'abnégation a une source et cette source c'est un objectif clair, compris et bénéfique.
Donner du sens à l'action.

2/ à l'échelle d'une saison : permettre de faire durer les performances, être capable de se re-mobilier malgré les cycles de résultats (quand ça gagne, quand ça perd, quand c'est irrégulier, quand il y a des contre performances ou des top performances). Une saison pour un athlète est quelque chose de parfaitement changeant, instable. Le travail c'est justement de permettre cette capacité à se ré-engager, à supporter les critiques, apprendre à gérer les émotions que peuvent provoquer la résonance des réseaux sociaux ... par exemple.

3/ à l'échelle de la carrière : car s'il y a une encore plus grande inconnue c'est bien celle-ci. Elle est liée aux choix, aux performances. Elle dépend de l'âge du sportif mais aussi et surtout de sa maturité d'Homme ou de Sportif. Continuer à croire en soi ? Apprendre à se connaître. Décider de se réengager pour une ou plusieurs saisons. Définir, redéfinir ses objectifs, ses envies. Voilà les enjeux de cette endurance mentale à l'échelle de la carrière.

Chacune des trois fait appel au courage, au travail, à l'effort, à la détermination et pour moi à l'humilité aussi.

Et que ce soit à l'une ou à l'autre de ces 3 dimensions/temporalités on peut dire que la bonne gestion émotionnelle concourt de la qualité de l'endurance mentale pour le sportif.

Corps + mental :

Peut-on dissocier Endurance mentale à cette association corps + mental ? Difficile de l'envisager. Une question que je trouve passionnante de travailler avec le sportif ou son staff c'est : " à quel moment le corps aide le mental et à quel moment c'est le mental qui aide le corps" ? Pour moi cette réflexion est peut-être une des clés de voute de la performance du sportif et de l'endurance mentale. Le principe étant le suivant : Le sportif avec son staff travaille techniquement, tactiquement et physiquement pour progresser. Ce travail lui permet d'enrichir ses compétences sportives. Le travail mental consiste justement à permettre d'enrichir ce cercle vertueux. Le travail aide le mental et le mental renforce la capacité à travailler. 

Ce cercle vertueux idéal de la performance nourrit : la motivation, la confiance en soi, la détermination, l'engagement (...) et bien d'autres aspects qui contribuent à la performance et à l'endurance mentale et physique. Où s'arrête le mental ? Où commence le corps ? Aucun sportif ne vous dira que l'un ne va pas avec l'autre. Et que ce soit avec l'aide d'un préparateur mental ou sans, le sportif va naturellement puiser dans l'un et l'autre pour continuer à atteindre ses objectifs de performance.

Le travail mental ré-enrichit tout le travail du quotidien du sportif dans sa recherche de performance. L'endurance mentale est une composante majeure de le réussite du sportif de haut niveau.

L'endurance mentale face aux agressions des "éléments extérieurs" 

Voici quelques uns des plus célèbres "agresseurs potentiels" de l'endurance mentale :

Le public, les critiques, la presse, la pression, l'enjeu, l'environnement, l'inconnue, l'instabilité, les changements d'objectifs de l'équipe ou du club, ... et tant d'autres.

Fort heureusement ils sont aussi de magnifiques catalyseurs pour le sportif pour lui permettre de chercher/trouver des ressources encore et toujours.

C'est en cela que je parle de cercle vertueux qui permet de se nourrir des éléments, des facteurs extérieurs, du travail pour renforcer cette endurance mentale. L'endurance mentale n'est pas destinée qu'aux sports d'endurance. L'endurance mentale est une capacité, une volonté à durer dans l'effort, à progresser, à se relever, à continuer, à se battre pour soi, pour son équipe.

Le travail de réflexion du groupe va plus loin que cette première approche. 
Voici donc une 1ère partie de cette réflexion.
Dans le prochain article je vous donnerai quelques clés livrées par Mehdi et Yannick au cours de cette session de leur riche expérience du basket de haut niveau. 

@ bientôt !

Frédéric 
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Le groupe de travail était composé de :

Socle URB Brain Basket

- Pascal Thibaud, coach et directeur technique de l'URB
- Damien Leduc, équipe dirigeante de l'URB
- Lucas Fontaine, joueur et capitaine de l'URB
- Claire Gully-Lhonoré, psychologue du sport

Invités pour la session :

- Yannick Bokolo, ancien international français
- Mehdi Mary, actuel coach du CSP Limoges
- Frédéric Damato, préparateur mental


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